Documentaire

Enfants de Daech, les damnés de la guerre

Le monde en face

Cette enquête inédite d'Anne Poiret donne la voix à ces mineurs, les laissés pour compte de ce nouvel Irak, que seule une poignée d’ONG tente d’aider.

Ils seraient plusieurs dizaines de milliers d’« enfants de Daech », dont la famille avait prêté allégeance au califat. Stigmatisés, ils sont privés de toute existence légale dans l’Irak de l’après-État islamique. Sans papiers, ils n’ont accès ni aux soins médicaux, ni à l’aide alimentaire, ni surtout à l’école. D’autres enfants, fanatisés, recrutés ou raptés comme petites mains du Djihad par l’organisation terroriste sont aujourd’hui incarcérés dans des conditions inhumaines. D’autres encore – par dizaines de milliers – sont retenus dans des camps de déplacés côté syrien, avec les femmes les plus radicalisées. Leur situation humanitaire catastrophique fut encore plus fragilisée par la crise du coronavirus.
Dans la région de Mossoul, au Kurdistan irakien et dans le Nord-Est syrien, ce documentaire prend la forme d’un voyage sur ces terres brûlées par la guerre, à la rencontre de cette génération qui a traversé le règne de l’État islamique, la guerre de libération et son cortège de violence, et tente aujourd’hui de se trouver un avenir, entre résilience et vengeance.
Comment les aider à retrouver une place dans la société et éviter qu’ils ne deviennent une menace pour la communauté internationale ?

Note d'intention d'Anne Poiret (réalisatrice)

Lors du tournage de Mossoul, après la guerre tout au long de l’année 2018, j’avais été alarmée par le sort réservé aux enfants de ces familles de Daech qui vivent en marge de la ville. Je les avais alors filmés, collectant de quoi survivre au milieu de cadavres et d’engins non explosés. Tels de mauvais fantômes, ils grandissaient dans une ignorance et une soif de vengeance profondément inquiétantes. Une mère nous menaçait ainsi dans le film : "Mes enfants vont grandir, et la haine avec eux". Aujourd’hui, l’opinion internationale s’est détournée de l’Irak. Et c’est précisément dans cet angle mort que les choses se jouent : non-prise en charge, on abandonne une génération d’enfants à cette haine. Après Al-Qaïda et l’État islamique, quel groupe radical profitera de la crédulité de cette jeunesse meurtrie ? Que vont devenir ces enfants du chaos ? L’Irak est un pays de résilience, l’enfance est une résilience, mais jusqu’à quand ?

Filmographie d'Anne Poiret

Lauréate du prix Albert-Londres 2007, auteure et journaliste, Anne Poiret réalise des documentaires depuis 15 ans : "Mon pays fabrique des armes" (France 5), "Syrie : Mission impossible" (Arte), "Bienvenue au Réfugistan" (Arte), "Soudan du Sud : fabrique d’un État" (Arte), "Namibie : le génocide du IIe Reich" (France 5). Elle s'intéresse particulièrement aux zones grises des après-guerres. Son dernier documentaire, "Mossoul, après la guerre" (Arte), a reçu le prix spécial du Jury au FIGRA 2020.

70 min

Déconseillé aux moins de 10 ans

Ecriture et réalisation
Anne Poiret

Production
Cinétévé

Avec la participation de 
France Télévisions
LCP-Assemblée Nationale
RTS (Radio Télévision Suisse)
DR, NRK et SVT

Avec le soutien de
la Région Ile-de-France

En partenariat avec
le CNC
La PROCIREP – Société des producteurs et de l’Angoa