La Seria

Un road-movie occitan

Du concept en passant par les sous-titres, tout a été pensé pour prendre par la main le spectateur et le promener dans un univers méridional désopilant. Le concept, c’est l’exotisme d’ici, qui s’il n’a rien à envier à celui de là-bas, est tout aussi surprenant. LA SERIA balade le spectateur dans les paysages magnifiques du Languedoc, de la Provence, de la Catalogne et sa folle vie barcelonaise, en passant par les friches industrielles marseillaises.

Première série produite par France 3 Occitanie, LA SERIA est un projet de longue haleine qui, du projet à la diffusion, fête ses douze ans. Née de la rencontre d’un réalisateur amoureux de sa région, Amic Bedel, et d’un écrivain tout aussi amoureux de sa région, Julien Campredon, LA SERIA est un projet audacieux qui nous parle de passions et d’amitiés.

Un grand making of

Amic Bedel - Auteur et Réalisateur

J'ai grandi dans les années 80-90 dans ce sud occitan. Un mix entre la ruralité rouergate, Toulouse, et la tv. Un mix entre cette culture occitane, audible partout dans mon environnement quotidien et la culture mondialisée des films de Coppola, Zemeckis et du graffiti américain que je pratiquais dans les rues de Villefranche de Rouergue. Cette série est le point de convergence de mes envies et de mes idées de cinéma. Le besoin de montrer cette culture devenue invisible. Le besoin de valoriser les choses fragiles. Et puis c'est quoi une culture ? Ça sert à quoi ? La rencontre avec Julien Campredon est un déclic. Un humour partagé et un intérêt commun pour ce socle culturel.

Le ton : humour acidulé. Des personnalités fortes, des sensibilités opposées, des rivalités, des contradictions. L'être humain et son ridicule. Les fantasmes et la réalité. Le langage du corps. Des conflits d'Ego. Il y a l'esprit des Monty Pythons, des Requins marteaux, de Sophie Letourneur. On vit ensemble sur des montagnes de paradoxes, on fait ce que l'on peut. Il y a du « non-sense ». C’est parfois surréaliste. Rien n'est sacré.

Les lieux : l'Occitanie non pas comme un joli décor entre mer et montagne pour satisfaire la rétine du spectateur, mais comme un décor réaliste et grandiose pour une histoire singulière qui ne pourrait pas se passer ailleurs. Il faut transcender le régionalisme. On parle aussi d'une société où le substrat honteux, créé par la disqualification des cultures régionales par le pouvoir, s'épuise peu à peu. Il paraît évident qu'il s'agit de matières précieuses. Qu'elles font écho aux questions essentielles de ce début de siècle telles que la décolonisation.

La bande son : Il y a la musicalité des langues, et puis des musiques qui vont des recherches indigènes de Claude Sicre dans les années 70 avec Riga Raga aux riffs mystiques de Dje Baleti, en passant par Cocanha et sa pulsation qui guérit de tout.

On se met à poil, la nudité est souvent là. La porte est grande ouverte, entrez. Le ton est direct, la méthode est foutraque, il y a beaucoup d'auto-dérision sur la maladresse du mouvement occitaniste ou des mouvements militants en général.

Il s'agit donc d'aborder un public très large en abordant des sujets fondamentaux comme le mélange des cultures, le vivre-ensemble ou la résistance aux modèles dominants. C'est une histoire de trentenaires qui veulent exister. Filmés avec des focales courtes comme celles de Wolfgang Thaler. La caméra est à l'épaule, à l'oeil, à l'estomac. La Seria est un grand making of. Le charme de l'urgence de dire, à l'image de la nouvelle vague.

De l'écriture de nouvelles à l'écriture de scénarios

Julien Campredon - Auteur

Lorsque j’ai rencontré Amic, j’avais publié plusieurs recueil de nouvelles. Aussi, lorsqu’il m’a proposé d’écrire avec lui une série audiovisuelle, j’ai conçu le projet comme je l’avais toujours fait, c’est-à-dire comme un recueil d’histoires. Pour autant, les enjeux techniques étaient de taille. Amoureux des langues, notre choix premier a été de créer une série dans laquelle l’occitan et le français se feraient la part belle. En développant une histoire moderne qui puisse s’inscrire dans cette ambition, nous avons exploré plein de pistes qui se rejoignaient dans un joyeux bric-à-brac. Cette émulsion dans un bocal nous a naturellement entraînés vers la comédie. Un des éléments clef et nouveau de cette comédie, c’est le fait de jouer pleinement avec la multiplicité des langues que sont l’Occitan et le Français, le Serbo-Croate, l’Anglais et le Catalan.

C’est dans cette logique de comédie que nous avons développé un duo fonctionnant sur la base d’un antagonisme rocambolesque. Le clown blanc, lumineux et rêveur, c’est THOMAS LEBOULY. De l’autre côté il y a MATTHIEU VERLHAGUET, sorte de Jean-Pierre Bacri méridional, est le clown triste, figure de notre société. Et le Monsieur Loyal ? C’est « le Paure Trencavel », la voiture de Thomas, croisement hybride entre Kitt de la série K2000 et le Général Lee de Shérif fais-moi Peur, en version voiture de mon grand-père.

Enfin, la mise en abîme est un des moteurs de LA SERIA. En effet, histoire dans l’histoire, nous avons voulu raconter celle d’un tournage « bricolo, bricolette » ; aussi nous a-t-il fallu penser et écrire les bases de la série de Thomas Lebouly, Montsegur de Mar. Cette exigence permet de faire ressentir aux spectateurs la cohérence du projet de Thomas, ainsi que sa réalité.

​Une série inédite 100% Occitanie

Fabrice Valéry, Délégué Antennes et Contenus France 3 Occitanie

Pour une première, France 3 Occitanie, en choisissant de développer un projet artistiquement aussi ambitieux que LA SERIA, envoie un signal fort. Tout en s’inscrivant dans son territoire, France 3 Occitanie s’engage résolument dans une logique créative et ouverte. Loin de circonscrire le rayon de diffusion, le fait de programmer LA SERIA au niveau national sur la plateforme france.tv révèle une ambition nouvelle et généreuse. 

Virgil Vergues, Producteur AnderAnderA

Lorsque Amic Bedel est venu nous voir avec ce projet un peu dingue de faire une série qui parle d’une série, où la langue occitane donnerait le ton, avec le challenge d’une production 100% région... il n’en fallait pas moins pour faire vibrer notre corde sensible, nous qui nous efforçons de produire dans notre belle région des films et séries qui font sens avec tous les aspects de notre territoire.

A l’instar des personnages de LA SERIA qui compensent le manque de moyens par un bricolage constant, de nombreux défis ont jalonné la production des 5 épisodes de 40 mn, avec seulement 6 semaines de tournage, un budget très restreint, une multitude de décors, un casting occitan… Une aventure en soi, rendu possible grâce à une petite équipe technique polyvalente et extrêmement motivé, un soutien à toute épreuve des équipes de France 3 Occitanie, l'aide des institutions régionales, beaucoup de débrouille et d’ingéniosité. Très fiers d’avoir participé à cette aventure, dont le résultat nous offre irrémédiablement un vent de fraîcheur dans le monde actuel des séries qui a tendance à se formater un peu trop dans ses sujets comme dans ses formes...

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Une BO exceptionnelle

La scène de musique actuelle occitane est ultra créative. Amic Bedel a réalisé de nombreux clips pour ces artistes ces dernières années et a largement puisé dans ce répertoire pour la BO de La Seria. On retrouve Cocanha, Dje Baleti, La Mal Coiffée, Riga raga, De la Crau, Goulamas'k, Rodin, Laurent Cavalié, Tust, Mauresca, The Incredible Garruche Band, Aqueles...

Il y a également des groupes catalans comme Sandre, Geminis, The Strombers ou Dusminguet.

En guest toulousains il y a aussi Katcross et Aquaserge.

Un casting professionnel et amateur

Il y a peu de comédiens professionnels dans La Seria. Le casting a permis de rencontrer de très bons locuteurs de la langue occitane qui font leurs premiers pas devant la caméra. Amic Bedel a tenu à créer ce mélange stimulant amateurs/professionnels qui participe à inventer de la vérité dans mise en scène.

Caroline Dufau qui interprète Marion, est chanteuse et musicienne dans le groupe Cocanha. Marius Blénet qui joue Matthieu est journaliste, Caroline Garcia qui joue Monique est professeure, Estela Blenet qui joue Jessica est vidéaste, Joan Mélendez, le catalan qui joue Marçal est graphiste, François Douziech qui joue François est mécanicien...

Parmi les comédiens professionnels, Amic avait repéré Pierre Laur qui a joué dans « Le roi de l'Evasion » de Alain Guiraudie. Dans La Seria, il interprète 7 rôles différents, 7 personnages étranges, faux prophètes qui orientent l'aventure de Thomas et Matthieu. Soleima Arabi qui joue Cécile, est comédienne de théâtre. On retrouve également des figures du Théâtre occitan telles que Laurent Labadie ou Jean Louis Blénet.

En guest, Michel Cordes, connu pour son rôle de Roland Marci dans Plus belle la vie, fait une apparition où il joue avec humour sa reconversion, alors que la série marseillaise s'est arrêtée.

La Région Occitanie soutient "La Seria"

La Région Occitanie, Le Cirdoc, l’Agence Occitanie films, en partenariat avec France 3 Occitanie accompagneront la diffusion de la série.

Des séances scolaires seront organisées, soutenues par la création de documents pédagogiques permettant de mieux comprendre les étapes de fabrication de la série et de partager des informations et des réflexions sur la manière dont cette fiction s’inscrit de manière naturelle et singulière, dans la culture régionale.

LA SERIA permet de nous interroger sur la place des langues régionales, sur leur pratique et sur l’ardent désir qu’elles soient le véhicule de fictions, reflets de l’imaginaire des artistes d’ici. A nous tous de soutenir leur rayonnement en Occitanie et partout ailleurs, pour le plaisir des publics.