Documentaire

Moonlight Jerusalem

Jeudi 3 novembre 2022 à 22.00

 

Moonlight Jerusalem

Synopsis

Moonlight Jerusalem est un documentaire d’émancipation qui vous emmène dans une nuit sans fin, à l’intérieur des murs de la vieille ville de Jérusalem. Une rencontre avec ses habitants, leurs peurs, leurs rêves et leur quête d’identité. Deux enfants et la voix de Mahmoud Darwich illuminent l'immensité de la ville depuis ses toits.


 

Quartier impopulaire

 

Note d’intention de Tamara Erde
« La nuit tient toujours les promesses que le jour n'a pas faites. » Jean-Paul Hameury

Nous sommes tous envahis de préjugés et d’a priori. Moi la première. Éducation, médias, famille nous ont façonnés autour de divisions. Nous, cinéastes, n’y échappons pas, au contraire. Notre métier est d’affirmer notre identité, notre voix et nos opinions. Mais je crois qu’il est fondamental de tout questionner en permanence.

Pétrie de peurs et d’appréhensions, je suis une femme pour qui un homme, la nuit, peut être synonyme de danger. Sensible aux injustices que vivent les Palestiniens, je ne peux m’empêcher de parfois ressentir une peur inconsciente et pourtant bien ancrée lorsque je me retrouve face à eux dans certaines situations. Femme israélienne et juive mais laïque, j’ai de fortes résistances face à la religion, celle qui limite ma liberté en Israël comme celle que je découvre aujourd’hui en France.

Ces divisions, ces séparations, installées dans nos esprits depuis si longtemps, sont probablement, à un certain niveau, compréhensibles et nécessaires. Mais je crois que pour éviter de glisser, consciemment ou non, du côté du racisme et de l’intolérance, il faut sans cesse examiner et nettoyer nos systèmes de pensée.

La religion est souvent associée à la violence politique, l’extrémisme et le communautarisme. C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit du Moyen-Orient et d’Israël. Ceci est pour moi une généralité, une conclusion simple et dangereuse. Car il s’agit bien là, à mes yeux, de la manière dont la religion est utilisée et exploitée par la politique pour en faire un outil de division.

La vieille ville de Jérusalem est l’un des endroits les plus divisés que je connaisse. Au-delà des images bien connues – les églises, le mur des Lamentations, la mosquée al-Aqsa, le marché rempli de touristes ou les soldats –, c’est un quartier de quartiers dans la ville. Des ruelles à l’intérieur de murs conservés à l’intérieur d’une ville entourée de murs et check-points, dans un pays isolé de ses voisins. Officiellement, physiquement, visuellement, mentalement, tout est divisé.

J’y suis allée de nombreuses fois depuis mon enfance, mais, la dernière fois, la nuit commençait à tomber. Je suis restée et, surprise, j’y ai découvert un tout autre endroit, et le visage caché de ses « vrais » habitants. J’ai choisi de partir à la rencontre de ces « outsiders », ces gens colorés et étranges, perdus ou en chemin, qui apportent tant de nuances à la vision tristement ordinaire du noir et blanc. Personnages hors du commun, loin des normes communautaires, ils ont beaucoup à apporter aux débats par leurs choix de vie.

Dans cette arène qui inspire la division et la séparation, j’aimerais me confronter à mes propres idées reçues et divisions d’esprit, invitant les spectateurs à faire de même, en m’accompagnant dans ce voyage avec ceux qui, chaque jour, chaque nuit, font face à ces questions dans leur quotidien, apportant chacun sa lumière.

Et je voudrais aller filmer cet endroit si complexe avec ces sentiments de curiosité et de peur, ceux qui m’habitaient face à la nuit lorsque j’étais enfant. Lorsque je voulais rester éveillée et partir à la rencontre de ces ombres qui d’un coup devenaient réelles, bien que terrorisée par le noir, jusqu’à dormir lumière allumée. Comme si l’obscurité vous invitait à regarder mais que, en fermant les yeux, elle devenait menaçante.

Aujourd'hui, plus que jamais, dans la situation actuelle d'enfermement et de crise sanitaire internationale, les citoyens de la vieille ville de Jérusalem se retrouvent juste entre eux, pas de touristes extérieurs, de pèlerins, de journalistes. Et dans ce monde « en suspension », dans lequel les rêves d'un « nouveau monde post-covid » juxtaposent les prédictions de « catastrophe et d'effondrement », la vieille ville de Jérusalem peut être considérée comme une projection pour ces théories et modèles d'idées du « Monde à venir ». Entre rêveurs, croyants, faux messies, la lumière et les regards particuliers des habitants de ces pierres millénaires, du haut de ses murs, est un endroit parfait pour interroger, méditer et observer un possible monde à venir.

Peut-être que pour essayer de changer les choses et d’imaginer un autre avenir, il est temps de rendre la parole aux individus. Loin de leurs groupes et communautés, mais bien dans leur univers, leurs problèmes, leurs peurs et leurs rêves.

 

25 nuances

Un film de
Tamara Erde


Production
Sophie de Hijes,
Les Films de la Butte


Avec la participation de
France Télévisions


Pôle société et déopolitique
de France Télévisions
Renaud Allilaire
David Amiel


Directrice de l'unité documentaires de
France Télévisions
Catherine Alvaresse

CONTACT

Lison Dambreville
Responsable Communication&Marketing Réunion la 1ère