Les nuits bleues de Guadeloupe

Conçu comme une enquête historique, ce film nous replonge au cœur des années 1980, quand les indépendantistes guadeloupéens passent à l’acte et déclenchent une véritable crise terroriste, avec des dizaines d’attentats, des morts et des blessés. Une crise violente qui déstabilise le gouvernement de gauche de François Mitterrand, alors fraîchement élu, qui craint une nouvelle phase de décolonisation dans les Caraïbes. 

La revendication territoriale des Antilles est ancienne. Mais elle se cristallise de nouveau en ce temps de guerre froide, quand un vent de liberté souffle sur les Caraïbes. Le 3 novembre 1978, la Dominique, une île voisine de la Guadeloupe, obtient son indépendance du Royaume-Uni. L'année suivante, les îles de Saint-Vincent et des Grenadines lui emboîtent le pas. Et si le véritable avenir de la Guadeloupe était là ? L'indépendance à porter de main. 

À la fin des années 1970, les Outre-mer sont en ébullition. Les retards économiques n'ont pas été rattrapés et, en Guadeloupe, le taux de chômage est trois fois supérieur à celui de l'Hexagone. Face à la crise, les partis politiques majoritaires ont obtenu des aides substantielles de l'État. Mais une minorité indépendantiste pense que ces mesures sont insuffisantes. Elle réclame un changement radical et est prête à tout pour l'obtenir. C'est de cette rupture que vont naître les nuits bleues. 

Le documentaire revient sur l’affrontement entre les indépendantistes et les forces de l’ordre dans un contexte de réaffirmation des identités territoriales. Il montre les réactions des acteurs politiques, présente les témoins encore vivants de cette histoire, dont le principal protagoniste, Luc Reinette. Face à lui, son adversaire, le préfet Yves Bonnet, et son prédécesseur, le sous-préfet Philippe Hugodot, deux hauts fonctionnaires chargés de coordonner les opérations de sécurité sur le territoire. 

C’est donc une lutte sans merci qui rythme la narration de cette histoire. Une histoire qui a touché l'Hexagone avec des attentats en plein Paris. Une guerre de l’information aussi, car le but est de prendre le contrôle de l’opinion publique et de saper la légitimité de l’adversaire.

C’est bien d’une enquête dans l’histoire qu’il s’agit : comment en est-on arrivé là ? Quelles en sont les conséquences, qui se font encore sentir aujourd’hui ?