Les personnages

L'île aux 30 cercueils

Présentation des personnages principaux


© Rémy Grandroques - Thalie Images Virginie Ledoyen (Christine)

Christine est profondément marquée par la perte de son enfant qu’elle a toujours pensé mort-né. Elle en éprouve une culpabilité. À défaut d’avoir pu sauver son fils, Christine sauve les enfants des autres. 
Devenue pédiatre, elle est loin de la figure du médecin empathique. Dévouée à son travail, Christine est une femme qui peut se montrer dure quand il est question de vie ou de mort. Pourtant…

Femme forte en apparence, Christine est quelqu’un de très fragile, une fragilité savamment entretenue par son mari qui la connaît par cœur et qui sait en jouer, l’empêchant au fond de se reconstruire pour la garder auprès de lui. S’ils n’ont jamais eu d’autre enfant et si Christine est toujours aussi marquée par la perte de son fils quinze ans plus tard, c’est parce qu’elle n’a pas eu la possibilité de passer à autre chose. 
Il y a quelque chose de mortifère dans le couple qu’elle forme avec Vorski, un couple qui a grandi à l’ombre de l’enfant mort.

C’est pourquoi quand Christine découvre que Jean est vivant, c’est comme si une part d’elle-même renaissait. Elle n’a d’autre choix que de le retrouver. Sa quête est vitale et, pour la mener à bien, Christine est prête à affronter tous les dangers. 
Pour autant, contrairement à Vorski, pour qui les gens sont des objets, Christine est quelqu’un qui a un grand respect pour les autres : Jean, son bébé devenu Paul, a une histoire, une mère, une sœur ; Christine le sait et elle est prête à l’aimer comme il est, même sans retour de sa part. Comme une mère... Pour cela, ils pourront construire un avenir ensemble comme le laissent présager les dernières images du film, montrant leur lien ressoudé. 


 

© Charlotte SCHOUSBOE - Thalie Images Charles Berling (Raphaël Vorski)
 
Raphaël a une double face. En apparence, l’homme idéal ; en réalité, une face sombre et dangereuse. 
 
Côté apparence : Raphaël est un homme charmant, séduisant, rassurant, attentif. Il prend beaucoup de choses en charge, notamment parce que Christine travaille beaucoup. Aussi parce que depuis la mort de leur enfant quinze ans auparavant, Christine traverse à chaque date anniversaire des phases dépressives : Raphaël est là pour la soutenir et l’empêcher de sombrer. Raphaël a de l’humour, mais pas pince-sans-rire comme sa femme. Il est plutôt charmant, charmeur, plein de rondeurs… 
 
Il croit en l’amour fou. Mais, pour lui, amour rime avec possession. Il aime la passion dévorante. Cela peut sembler séduisant, et ça l’est… jusqu’à ce qu’il soit déçu. Alors sa colère est à la hauteur de sa déception. 
 
Abandonné par sa mère, partie avec un autre homme, Raphaël est hanté par la peur de l’abandon. Et aussi, par la possible trahison des femmes – sa mère résumant à ses yeux toutes les autres. Ce trauma d’enfance ne peut se guérir, même si, avec Christine, il est persuadé d’avoir enfin trouvé LA femme idéale. La perte de l’enfant l’arrange puisqu’elle lui permet l’exclusivité affective de Christine – et la fragilité de sa femme lui a permis de prendre en partie le contrôle de sa vie, au moins émotionnelle. 
 
Sur la base de cette pathologie, les auteurs ont souhaité construire un personnage plus nuancé que celui du roman de Maurice Leblanc. Une référence pourrait être Norman Spencer (Harrison Ford) dans Apparences, le mari érudit, à l’écoute de sa femme, qui se révèle in fine tellement différent. 


 

© Rémy Grandroques - Thalie Images Stanley Weber (Stéphane)

En apparence, Stéphane est l’amoureux avec un grand A. Romantique, passionné. Stéphane est un homme absolument fidèle, à l’île qui l’a vu naître, Sarek, et qu’il n’a jamais quittée, comme à son premier amour. Stéphane, c’est l’homme d’une seule femme : Christine, qu’il connaît et aime depuis toujours. Gendarme, Stéphane apparaît en surface comme un homme stable, équilibré, rationnel. En réalité, il est dominé par sa passion unique et absolue pour cette femme, une passion qui, au fil des années, s’est muée en une obsession. 

Loin de la figure classique de l’amour de jeunesse, Stéphane, à l’instar de Vorski, l’antagoniste, a une part d’ombre importante. Son obsession amoureuse pour Christine l’a porté vers des femmes qui lui ressemblent. Émilie, dont on découvre qu’elle a été assassinée. 

De gardien de l’ordre et de la loi, Stéphane passe alors au statut de suspect lorsque les éléments du puzzle commencent à se mettre en place. Et devient très inquiétant quand sa propre mère découvre qu’il est le corbeau qui a déstabilisé l’île, accusant Christine de déclencher la prophétie. Car, pour la garder près de lui, et jouer le rôle de l’homme protecteur qu’il voudrait ravir à Vorski, son rival, Stéphane est prêt à tout, même à mettre en danger la femme qu’il aime. Au risque de la perdre à tout jamais. Il dérape et abuse de son statut d’autorité et de la confiance qu’on lui porte.  

Mais son obsession amoureuse qui guide tous ses choix ferait-il de lui pour autant un meurtrier ? Stéphane réalise trop tard le séisme qu’il a contribué à déclencher sur l’île. Dès lors, il cherche à sauver Christine, d’abord en organisant son départ, puis en la suivant dans le cauchemar qu’elle traverse dans le dédale de l'hôtel Le Bout du monde. Stéphane sera racheté mais il ne pourra pas être sauvé. 

Au fond, Stéphane est quelqu’un qui n’a jamais pu renoncer à ses rêves d’enfant et à couper le cordon. En restant sur l’île près de sa mère, figure d’autorité importante puisqu’elle est la maire de l’île, dans cet univers confiné, Stéphane montre qu’il n’a pas réussi à grandir. Sa complexité en fait un personnage très loin du flic héroïque, sans peur et sans reproches.